30 avril 2008

Et continue la

Jusqu'à présent, mon expérience du cyclisme se résume en quelques longues randonnées dans les marais de la plate Ile de Re et 10 minutes d'adrénaline quotidiennes pour un trajet au bureau à Londres. Et de ca je pensais avoir une bonne idée de ce qu'est le velo, et ce a quoi sert un VTT.

Je sais maintenant que je ne savais rien.

J'aurais dû savoir que la journée allait mal se passer quand Krusty est rentre d'assaut dans la chambre en disant: «Depeche-toi, nous allons être en retard!" Lorsque je lui ai demandé pour quel evenement nous étions en retard, il m'a informé que nous allions nous joindre à son collègue qui allait sur l'île de Lantau faire de la bicyclette. C'était la première fois que j'entendais parler de ce plan, il semblait, jusqu'à ce que Krusty me rappelle que, dans un élan d'auto-conviction la nuit précédente après quelques verres d'absinthe, j'avais en effet suggéré que nous allions avec lui lors de son voyage. J'ajoute donc l'absinthe à la longue liste d'alcool que j'arrete de boire.

Nous avons pris le ferry pour Mui Wo et loué des vélos. Des VTTs. Le chemin a bien commence, et j'ai retrouvé le gout du vélo. 10 minutes plus tard, nous étions au bas d'un escalier, et le collègue nous disait: "et maintenant nous portons nos vélos." Il était midi, nous n'avions pas déjeuné, le ciel était d'un blanc a donner la migraine, la temperature etait de 30 degrés avec 110% d'humidité, les escaliers etaient de la raideur qui habituellement me fait trouver un escalateur, et j'étais censé porter mon vélo? Je me disais que c'était juste pour se rendre à la piste donc je le soulevais et sautillais (oui bon, je veux dire trainais) jusqu'à l'escalier.

Le parcours commencait très bien, nous avons appris à grimper sur les rochers, puis en descendre, prenant peu à peu plus de confiance et de plaisir. Deux heures plus tard, nous étions arrives à un petit village près d'un réservoir, pensant que ca valait effectivement la peine d'etre venus. Et pensant aussi secrètement: «oui, c'est bien, maintenant où est le resto le plus proche?" Mais non, nous avions seulement atteint le tiers du chemin, nous dit-on. Il n'y avait pas vraiment le choix de retourner en arrière, et le chemin devant nous etait a peu pres pareil mais avec un "peu plus d'efforts" a fournir, nous dit l'homme qui pense que la folie tout-terrain dont nous arrivions n'etait en fait qu'un échauffement . C'était comme être pris au piege au sommet d'une piste noire sans réellement savoir skier. Ou comme si quelqu'un nous avait invité a faire un jogging seulement pour nous dire à mi-parcours que nous courrions en fait un marathon et ne pouvions pas revenir en arrière.

Mais bon, nous ne sommes du genre a renoncer (et pour être honnête, lorsque vous êtes au sommet d'une montagne entouré par des moustiques avec un chemin rocheux derrière vous, vous n'avez pas vraiment le choix de toute façon), de sorte nous sommes allés a l'avant.

Bien sûr, plus j'etais fatiguée, plus j'avais peur, et plus j'avais peur, plus j'étais tendue, jusqu'à ce qu'il me soit presqu'impossible de faire quoi que ce soit adroitement. Les garçons sont partis devant pendant que je faisais lentement mon chemin entre le ravin et les rochers, puis, c'est le drame. J'allais à pas de tortue, mais, comme au ralenti, je suis tombée sur l'avant de mon vélo, déchirant mon pantalon et egratignant mes bras et mes jambes. Comme je criais de douleur, j'ai entendu crier Krusty... Se moquait-il de moi? Je les ai finalement rattrapé pour apprendre qu'il etait tombe exactement au même moment que moi. Même dans les pires situations, sans même me voir, il parvient à être romantique, le mignon.

Il n'y avait naturellement pas de raccourci vers la pharmacie la plus proche, donc nous sommes repartis de nouveau. À ce moment-là, quelque chose a du lacher dans ma tête parce que je sentais mon cerveau tout desseche comme un pruneau, mes tempes me tapaient et de mon mal de tête était si mauvais que mes yeux se fermaient, m'empechant de voir les obstacles très présents devant moi. Je me suis senti nulle, je pleurais, et la dernière chose que je voulais était de perdre la face et de ressembler à une mauviette. Bien qu'aux prochains escaliers j'ai laisse le collegue me prendre mon velo, amusee de le regarder courir comme une chèvre de montagne avec un vélo sur chaque épaule ...

Mais au moins j'etais coordonnée avec ma douleur, mon pantalon rouge reprenant tres bien la couleur de mon genou éraflé et fournissant un accent de couleur qui rappelait le ton pourpre de mon visage. Mode toujours.

Nous sommes donc finalement arrivés à la plage de Pui O, Krusty épuisé, moi pleurant et le collègue plein d'energie, nous suggérant de rentrer en velo parce qu'il n'avait pas l'impression d'en avoir assez fait. Mais bon nous avons quand meme vu des choses étonnantes qui m'ont fait presque oublier mes souffrances. Il y avait plus de papillons que je n'ai jamais vu dans la nature, des eaux tranquilles avec juste le son des cigales, pas de marteaux-piqueurs, et un rocher au sommet avec vue sur une plage abandonnée...

C'est sur cette pierre que j'ai demandé au collègue d'où venait la cicatrice sur son dos. Il s'avère que ce gars, qui grimpe la montagne comme s'il était sur un tapis roulant, est né avec une condition qui signifiait qu'il devait se fair enlever un de ses poumons à l'âge de 20 ans. Il n'avait que la moitié de la capacité pulmonaire que nous avions et il n'etait meme pas fatigue!

De retour au ferry, nous avons achete de la baume du tigre pour nos bobos. Suivant les instructions de se frotter là où ça fait mal, j'ai commencé à me masser les tempes avec, jusqu'à ce que je m'en mette dans l'oeil... Comme si je n'avais pas eu déjà assez de douleur, j'ai réussi à me mettre comme une bombe lacrymogene dans l'oeil. Je vous dit, j'avais un sentiment lorsque je me suis réveillée que c'était un jour que j'aurais mieux passe au lit...

Mais au moins j'avais ma fierté. J'avais fini, après tout. Je n'avais pas été une «fille» reclamant aux mecs de me porter mon vélo. Le sang me coulait sur les jambes et dans mon cerveau, mais j'avais été toute aussi bonne que le collègue, en fait.

C'est la qu'il nous a dit, en passant, qu'il etait sortie la nuit precedente jusqu'à 7 heures du matin, n'ayant effectivement eu que 3 h et 1 / 2 de sommeil.

La prochaine fois Krusty me réveille en me disant que son collègue bionique avec un seul poumon a été faire la fête et veut faire du vélo, je vais savoir quoi dire: "C'est bon, j'ai déjà les photos de cette partie de Hong Kong, allons plutot visiter une des salles de cinéma"...

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