29 février 2008

Oh, mais c'est pas fini

L'hotel a decide que ce serait une bonne idee de renover l'etage juste en dessous du notre, alors il y a des supers bruits de perceuse et de marteau depuis une heure pendant que la voisine hurle dans son telephone portable pour etre entendue au dessus du vacarme. Mr Cedric, demenage tres vite stp pour que nous puissions emmenager...

27 février 2008

Tic Toc

Mon horloge biologique semble battre beaucoup plus fort que d'habitude ces jours-ci. Ca doit être du au fait que tout le monde semble faire des bébés en ce moment, ou au moins se marier pour s’y préparer. Et je suis jalouse. Je sais que j'ai tout ce qu’il faut pour être heureuse, mais il y a toujours quelque chose qui manque!

Et la raison pour laquelle je sais qu'il y a quelque chose qui va très mal avec mon horloge interne, c’est parce que nous sommes allés voir le film Juno l'autre jour au cinéma, et j'ai commencé à pleurer parce que j'étais jalouse de l’actrice, une fille enceinte à l’âge de 16 ans... Je suis certaine que ce n'est pas le sentiment que le film essayait d'obtenir de moi. Et pourtant, pendant toutes ces scènes drôles et attachantes au fil desquelles cette pauvre petite essaye de decider de ce qu'elle va faire avec ce bébé qu'elle ne peut évidemment pas élever elle-même, je ne pouvais tout simplement que pleurer et penser qu’elle avait de la chance! C'est officiel, je suis folle.

De voir Meko et Dave n'a pas aidé. Alors que nous mangions de la délicieuse nourriture thaïe à l'arrière de leur épicerie locale sur des tables en formica et des chaises pliantes, je ne pouvais pas arrêter de regarder sa bosse. Elle est si petite qu'on dirait qu'elle a fourré un oreiller sous son pull. C’est adorable. Mais non, bien sûr que je ne sais pas à quoi ressemble un oreiller fourré sous un pull. Mais non, je n'ai jamais fourré un oreiller sous mon pull pour faire semblant d’être enceinte. Bien sûr que non, jamais...

Quoi qu'il en soit, Krusty trouvé une bonne façon de m’ôter toute idée de procréation. Il a même trouvé le moyen de complètement m’ôter l’envie de vivre - en m'emmenant à la remise de prix d’un magazine de risque financier. Je peux dire, sans aucun doute, que ce fut l'événement le plus ennuyeux auquel je suis allée de ma vie. Pas seulement parce que j'étais la seule 'civile' ( et que les gens venaient continuellement m’offrir leurs carte de visite, et moi d'avoir à répondre, "oh, désolée, je n'ai pas de carte, je ne sais rien au sujet de l'argent, je suis juste ici pour le plaisir", plaisir mon oeil...), mais aussi parce que j'ai dû écouter un tas d'hommes en costume parler de taux de change, de dérivés d'actions, d’ELDs, de CRD et plus encore... Le rédacteur en chef du magazine de risque (une revue passionnante, je vous assure) a finalement remis les récompenses avec un discours qui a fait de lui le fondateur de l'hypnose, et tout ce que je pouvais faire était de passer de regarder avec incrédulité ses cheveux gras à regarder avec incrédulité les zombies autour de cette sombre ode à la trésorerie... Qui voudrait avoir des enfants dans un environnement pareil?!

Le seul moment intéressant de la soirée était lorsque le chef de la communication pour une banque d'investissement nous parlait en balayant la salle des yeux pour essayer de trouver quelqu'un de plus important que nous à qui parler, jusqu’à ce qu’elle réalise que le nom de famille de Krusty est assez curieux et qu'elle ne l'avait entendu qu’une seule fois auparavant, lorsqu'elle vivait à Londres. En fait, disait-elle, ses voisins avaient le même nom de famille. En fait, nous avons réalisé, ses voisins à Londres étaient les parents de Krusty! Je savais que HK était petit, mais là...

Le lendemain était beaucoup plus glamour: je suis allée déjeuner avec mon pote de HKU, le fabuleux Victor. Ses cheveux lancent un défi à la gravité, son style lance un défi à la testostérone, et j'ai réalisé combien il m'avait manqué alors que nous grignotions ensemble d’une étrange interprétation chinoise de la cuisine japonaise. Il m'a invité à un lancement de produit le soir même, et j'ai emmené Krusty pour lui montrer comment un de ces événements doit se passer en comparaison aux envies de suicides que m’ont donné la soirée précédente.

Nous sommes arrivés par le Star Ferry, profitant du romantique balancement du bateau qui ralentit la vie frénétique de HK et donne l’occasion d’admirer les reflets sur l'eau de cette ville animée. Elle est tellement plus photogénique de nuit, lorsque les nuages gris de pollution sont impossibles à voir. Une fois là-bas, nous avons affiché notre manque d’expérience en arrivant dans une pièce bordée de personnes d'un côté et d'un couloir à la corde de velours de l'autre. Comme un lourd rideau avait été fermé derrière nous, nous ne pouvions pas revenir en arrière, et tout ce que nous pouvions faire était demander à cette troupe de gens où aller. Ils répétaient tous sans cesse, comme un mantra, "nous sommes la presse, nous la presse", donc nous avons essayé de trouver notre chemin sans eux. Essayant de voir la sortie dans l'obscurité, nous avons réalisé que nous étions dans la ligne de mire d'une rangée de caméras! Je suis sûre que beaucoup d'images de nous fronçant les sourcils dans le noir seront à la une des pages de la section people ce week-end... Quelle honte!

Nous avons terminé notre défilé de célébrité - ou défilé de la honte, plutôt - et avons continué à nous frustrer car nous ne trouvions rien à boire. Nous nous sommes donc arrêtés dans un coin, ou nous nous sommes rendus compte que tout le monde était habillé de façon appropriée pour cette soiree sur le theme du basket en pantalons larges et casquettes trendy, et que le manteau et ordinateur portable de Krusty couplé à mes bottes d'équitation et ma veste étaient un peu hors sujet... Nous avons donc rapidement quitté cet endroit, préférant la soupe épicée et les wantons de l'etablissement voisin... Oh combien j'ai vieilli!

Alors peut-être que je suis prête à arrêter de traîner dans les salles remplies d’opportunistes à la recherche d'un verre de champagne gratuit pour m'asseoir à la maison avec un opportuniste à la recherche d'une bouteille de lait maternel gratuite... Mais je suis quand meme prête à redonner à la fête une chance de plus. Et à l’affiche de la semaine prochaine il y a de grands défilés de mode et des lancements de magazines Chinois.

Baby, it ain’t over ‘til it’s over.

La contribution de Krusty

Krusty s’est dit qu'il avait envie d'ajouter sa voix à notre archive Hongkongaise, alors voici sa contribution. Pour ceux d'entre vous qui le connaissent, vous remarquerez que son texte est approprié à son gout pour le surréalisme... Adressez-lui vos demandes d'éclaircissements directement!

"C'est notre dixième jour à Hong Kong, et nous avons enfin la chance de prendre un peu de repos de la frénésie des deux premières semaines. Un court entracte et une opportunité pour moi de saisir la plume et le papier pour griffonner quelques mots documentant cette folie.

L'air de Hong Kong semble avoir fait des miracles pour la constitution de l'Ogre. Elle a été pixifiée presque en permanence depuis notre arrivée, même si la 'lune de gibus en déclin' m’inquiète. J'ai pu constater que la grande roue de la fortune a un bâton brisé, et je me prépare à l'inévitable - Hong Kong peut avoir autant de routines d'urgence en place pour les typhons ordinaires, mais je crains qu'elle soit mal équipée pour la tempête à venir.

'Un petit appartement avec gouttelettes d'eau sur demande et roue d'exercice inclue, ainsi que copeaux de bois'. Je recule de la vitrine du magasin animalier et recentre mon attention sur notre recherche d’appart. La pitié momentanée dans le regard du hamster résume mon expérience du marché immobilier de Hong Kong.

Mais c'est l'année du rat, et contrairement aux mignons hamsters, les rats ne sont pas conçus pour vivre en cage.

Je défi le regard du hamster, hisse le caleçon de la détermination et repars a la recherche de quelque chose avec un peu plus d'espace."

Le verdict

Les rotules de Krusty se sont brisés quand il s'est agenouillé sur le lit (simple!) pour se coucher, et moi, je me sens comme si j’avais passé la nuit à être attachée à un radiateur...

Je ne suis pas de bonne humeur aujourd'hui...

Pourquoi me plaignais-je?

J'étais si bien, me plaignant de mon hôtel 5 étoiles, et maintenant je suis punie pour ma complaisance, avachie dans une toute petite pièce qui sent l'humidité, regardant la cérémonie des Oscars sur une TV qui bourdonne et affiche une image rougeâtre, sur un lit qui pourrait tout aussi bien n’être qu’une simple dalle en pierre... Maudite rétribution karmique!

Au moins ca m’amuse de voir toutes les stars d'Hollywood avoir l’air d’avoir d’affreux coups de soleil et des terrible pourritures en guise de dents...

Le succès, c’est la capacité à passer d'un échec à l'autre avec enthousiasme - Winston Churchill

Il semblerait que nos efforts continuels à passer d'un échec à l'autre dans la recherche d’apparts a finalement abouti à la perle rare que tout le monde veut. Nous avons maintenant un logis! Ce petit miracle se trouve dans un immeuble commercial au milieu de Sheung Wan, de sorte que le chemin qui y mène exige un peu d’apnée: la rue est connue pour être LA source de médecine chinoise à Hong Kong, alors les nids d'oiseau, les pétoncles séchées et les nageoires de requin abondent dans chaque magasin qui tapisse les trottoirs. L'entrée de notre immeuble est plutôt parfumée...

Un grand escalier conduit jusqu'au ventre de l'immeuble, où un petit chinois fume suspicieusement une cigarette sur un tabouret. La première fois que j'ai visité l'appart j'étais un peu inquiète au sujet du nombre de Philippines qui allaient et venaient et je me suis demandé si l'un des 'commerces' du bâtiment serait un à coté duquel je viendrais à regretter d'emmenager. Mais quand l'ascenseur s’est ouvert au quatrième étage, j'étais rassurée - il n'y a pas de bordel ici, juste une mission chrétienne. Moi et mes préjugés occidentaux honteux...

L'appartement est au dernier et seizième étage, et se compose de deux 'modules' de 70m2 chacun. Pour les trois premiers mois, nous vivrons au 16C, que l‘occupant actuel (un Français prénommé Cédric) a converti en un joli appart avec des portes coulissantes partout derrière lesquelles se cachent des tonnes de place (quel soulagement de savoir que ma vaste collection de vêtements pourra être logée!) Il a même tenté de créer une sorte de fausse brique sur le bar, ce qui nous a rappelé avec nostalgie notre loft londonien. C’est le destin qui nous a mené là...

Nous avons dû nous battre un peu pour l'avoir - ce type d’appart vient avec une longue liste de personnes prêtes à surenchérir pour y vivre. Mais à la fin du compte nous l’avons emporté parce que...je suis française! La France du singe 1 – l’Angleterre du rat 0 au niveau des apparts!

Au bout de trois mois, donc, nous construirons une porte qui conduira à l'unité 16B, et fera de la place pour une grande chambre. L’appart fera la taille confortable de 100m2, pour une somme vraiment dérisoire. Et ce n'est pas tout! Non seulement y a-t-il une belle vue de la baie, mais la vue est encore plus étonnante de...notre terrasse sur le toit! Celle-ci fait à peu près 150m2 en tout et dispose de beaucoup de plantes et de meubles, et même d’un hamac. Plus important encore, pour Krusty, il y a un barbecue... Ses rêves de cocktails et de steaks grillés dans son propre jardin se réalisent enfin. Nous savons où nous allons pendre la crémaillère!

Donc, vous voyez, l’odeur de fruits de mer séchés dans la rue en bas est un tout petit prix à payer pour vivre ici, surtout après avoir vu quelques minuscules cages à lapin qui auraient pu être nôtres pour beaucoup plus de loyer par mois. Nous avons eu de la chance. Quelque chose à voir avec l'Année du Rat...?!

Maintenant nous avons trop hâte d’emménager et, sans vouloir jouer l’enfant gâtée, ca n'est pas seulement parce que ma cuisine me manque - je ne suis pas très impressionnée par Le Méridien. C'est loin du centre ville mais il y a une navette PAYANTE, la salle de bains a inexplicablement une odeur d'urine toute la journée, la piscine et le sauna sont fermés pour rénovations, la nourriture est outrageusement chère et le room service vient avec un prix tres élevé mais aussi une taxe de livraison (qu’est ce qu’on est censé faire, aller le chercher soi-même?!) C’est supposé être un hôtel hi-tech mais l'internet coûte la peau des fesses et se déconnecte toutes les trois minutes... ET ils ont oublié de nous réveiller deux fois de suite! Je ferai quelques plaintes totalement justifiées au moment du départ pour évacuer ma rage hôtelière.

Bien entendu, le toit-terrasse me donne aussi envie de trouver un travail que je pourrais faire de la maison... Néanmoins, j'ai eu deux entretiens la semaine dernière. L'un a été pour une agence d’édition qui travaille avec l’agence pour laquelle j'ai travaillé à Londres il y a quelques temps. Les bureaux sont funky, industriels mais cosy. Je pensais avoir une bonne chance de réussite - j'avais de l'expérience avec leur agence européenne, je suis venue avec deux bonnes recommandations, je suis immédiatement disponible... Mon interlocuteur était gentil et sympathique, et je pensais justement que j'allais aimer travailler là quand la pire chose est arrivée - ils m'ont dit qu'ils voulaient m’embaucher, mais qu'il n'y avait pas de boulot pour le moment... Au moins ils m’ont suggéré certaines possibilités de freelance à faire de mon hamac jusqu'à ce qu'ils trouvent quelque chose de convenable pour moi. Pour être honnête, cette idée d’indépendance me plait de plus en plus. Du moment que quelqu’un me donne quelque chose à faire bientôt!

Pour le deuxième entretien, j'ai ressenti le besoin de jouer la carte du style. La boite produit des guides de voyage délicieusement excentriques, sans photos, juste des commentaires succincts et drôles à propos d’adresses dans les grandes villes à travers le monde. Comme ils ont un grand nombre de salons de beauté dans leurs guides, j'ai pensé que je devrais me préparer en tirant parti de l'un des nombreux traitements offerts à HK - j'ai présenté mes honteux troncs de doigts aux ongles rongés à une manucuriste. Je me sentais tellement femme que c'en était gênant et j'ai presqu’eu l’impression que je devrais me cacher à la sortie au cas où quelqu'un me repère. J'ai essayé d'etre discrete, mais les gens ont déjà fait des commentaires sur les nouveaux ongles, et comme il n'y a pas moyen de se cacher les extrémités des doigts à part porter des gants toute la journée, je vais devoir faire face à ma faiblesse et vivre à la hauteur de mes prétentions féminines...

L'entretien s'est bien passé, surtout parce que mon ami Victor est le bon ami du patron et lui a dit du bien de moi avant que j’arrive. Ledit patron était fabuleux à écouter et son discours était parfaitement accompagné de sa chevelure grise, son pull beige en cachemire, ses lunettes en écaille et ses boutons de manchettes en cuir. Même si en réalité il disait que travailler pour lui signifiait lui sacrifier tout mon temps, ca me semblait quand même enchanteur. En gros il disait qu'il voulait un esclave, mais j’avais quand même envie de me lever, trouver un ordinateur et commencer immédiatement à écrire pour lui. Non pas que cela se passera - il a dit très clairement que j'aurais besoin de me trouver un visa, par tous les moyens nécessaires à part lui en demander un à lui...

Ainsi, la chasse à l’appart est terminée, mais la recherche du travail que je veux et qui veut de moi continue. Et je suppose que vous voulez voir quelques photos, hein? Alright, alors voici une sélection aléatoire de nos scènes de la semaine, y compris certaines vues volées de l'appartement et une idée de ce à quoi ressemble notre rue!








Ca me revient

J'ai eu quelques flashbacks, principalement en raison des odeurs – ce n’est pas pour rien que Hong Kong s'appelle le ‘port parfumé’... Voici quelques exemples de ce dont je me souviens de mon premier passage ici, et comment ca compare au Hong Kong d'aujourd'hui:

La chaleur - Je me souviens d'une chaleur étouffante, une chaleur de four. Peut-être parce que nous sommes arrivés au mois de février, ou plutôt parce que c'est le temps le plus froid que Hong Kong a connu ces 40 dernières années, mais il fait plus froid qu’à Londres ici en ce moment. C’est juste ma chance! (Ne vous inquiétez pas, je me plaindrai de la chaleur très bientôt)

Les blattes - Jamais je n'ai vu de créatures si brillantes, longues et croquantes que celles que j'ai rencontrées la dernière fois que j'étais ici. Mais je n'en ai pas vu jusqu'à présent... On dirait que le SRAS a beaucoup fait pour nettoyer HK. On nous encourage à se laver les mains plus fréquemment et il y a un arrosage incessant des trottoirs. Il y a même des chasses d'eau automatiques maintenant!

Les toilettes - Je me souviens de dégoûtantes toilettes avec des chasses d'eau que les gens n’utilisaient pas de peur de les toucher. La plupart des toilettes sont maintenant relativement propres et les chasses d'eau automatiques sont un vrai don du ciel. Ca serait bien que la tendance s’étende à toutes les toilettes de l'île maintenant, parce que les mauvais exemples semblent encore plus mauvais...

Les piétinements, les reniflements et les crachats - Les filles continuent à traîner des pieds, et beaucoup continuent à expulser leurs démons en crachant au milieu de la rue ou, plus particulièrement, dans les toilettes à côté desquelles nous étions assis dans l’avion. Cette fois, je suis déterminée à trouver la source de ce phénomène - la paresse, le manque de politesse ou simplement une tradition que je ne comprends pas?

Les oiseaux - J'avais complètement oublié les milans noirs qui circulent sereinement près de la mer. Très relaxant.

Le service - J'avais aussi complètement oublié la facon de laquelle les assiettes sont immédiatement retirées de sous votre nez dès que vous avez terminé, même si vos convives n'ont pas fini. Il va me prendre un certain temps pour m'habituer. Ou peut-être devrais-je simplement commencer à manger plus lentement?

Les îles - Je savais qu'il y en avait beaucoup, mais j'avais oublié que HK, c’est 260 îles au total! C'est énorme! Nous devrions sauter dans un ferry ce week-end et commencer à les explorer. Soleil, reviens!

Le nouveau blog



Bon, très bien, puisque tout le monde se plaint, je vais traduire le blog du Rat et du Singe à Hong Kong, dont voici la première entrée...

Nous sommes là depuis un peu plus d’une semaine maintenant, et (comme je racontais dans la version anglaise,) je profitais d’une journée durant laquelle je me sentais trop mal en point pour continuer ma recherche d’appartements pour écrire. J’aimerais bien dire que mon incapacité à quitter la chambre était due à un rouleau de printemps mal roulé, mais malheureusement je pense que le coupable pourrait être la quantité déraisonnable de vin blanc que j’ai consommé au cours de notre grande réunion de samedi soir...

Après m'être remise de notre soirée d’adieu (cet autre grand moment vinicole) et après avoir réussi a retirer une écharde de verre de mon pied (dont je ne me souviens pas de l'origine), le vol s’est plutôt bien passé. J'ai réussi à dormir un peu, et je me réveillais de temps en temps pour voir Krusty faire des exercices dans l'allée avec son casque sur les oreilles s’exclamant, plus fort qu'il ne l'était nécessaire, "c'est tres bon pour ma circulation!". Mais même cette honte ne m’a pas rendue tendue. Je me sentais sereine, heureuse d'être débarrassée de la lourde tâche du déménagement...

En fait, j'étais anormalement calme. Tout me semblait assez naturel, comme si je complétais un cycle pour la première fois de ma vie. Je n'étais pas du tout excitée, plutôt presque engourdie, mais Krusty était assez mignon pour m’expliquer que c'est parce que nous sommes maintenant devenus l'un et l'autre notre propre maison, et que nous n'avons pas besoin de quatre murs et d'un toit pour se sentir installés et confortables... Ahhhhh....

Seul problème avec ce sentiment, aussi mignon qu’il soit, est que nous allons quand même avoir besoin de nouveaux murs pour abriter notre amour ici à HK. L'année du rat pourrait simplement vouloir dire que nous devrons vivre dans un égout, récupérant les rebuts de la cuisine chinoise pour manger. En effet, jusqu'à maintenant j'ai vu toute une gamme de choix d’appartements risibles. L’un d’entre eux avait de la place seulement pour un canapé-lit, lequel déplié aurait rendu impossible l'ouverture ou la fermeture de la porte d’entrée... Et tout cela pour seulement 1,500 euros par mois! Un autre appart n'avait pas de cuisine. L'agent immobilier a répondu à ma surprise d'un grave et froid "personne ne cuisine à Hong Kong". Ah pardon!

Une longue série d’adresses minuscules et mal-réfléchies étaient au rendez-vous, et je suis maintenant au point où mon espoir de trouver quelque chose d’acceptable s'épuise. Bien sûr, la triste recherche n'a pas été rendue plus facile par le fait que nous sommes logés au Méridien pour la première quinzaine de jours. La chambre est énorme, les draps en coton égyptien et la vue des fenêtres qui vont du plancher au plafond nous offre la mer, la montagne et un coup d'œil sur le Royalton, où j'ai vécu de 1998 a 2001. Peut-être pourrions-nous vivre ici pour quelques années et 'oublier' de payer la facture?

Enfin, au moins le reste de la vie ici est bon marché; j'ai acheté une carte de voyage 'Octopus' quand je suis arrivée pour environ 15 euros et apres une semaine d’aller-retours dans toute la ville, je n’ai dépensé que 5 euros! De même pour mon portable - j'ai seulement dépensé 2 euros jusqu'ici, et je suis presque chirurgicalement attachée à mon téléphone ...

Coté boulot, j'ai eu un entretien le lendemain de notre arrivée. Pas idéal au niveau du planning, mais je n'allais pas refuser une offre de travail parce que j’étais fatiguée... Jusqu'à ce que j’arrive... J'ai commencé à avoir des doutes lorsque j'ai eu à remplir un formulaire qui finissait avec une grille d'évaluation qui me demandait de me donner des notes à propos de mon attitude et de mon agressivité (des qualités rédactionnelles indispensables, j'en suis sûre). Trois heures et demie d'entretien et de tests plus tard, y compris une heure dans une minuscule cabine armée d’un PC des années 90 et d'une vieille disquette, je savais que non seulement je ne pourrais pas fonctionner dans cet environnement, mais que l'objet de la revue (les bijoux) méritait de rester dans mon imagination et mes fantasmes de bague de fiançailles. Qui eut cru que les diamants pouvaient être aussi ennuyeux?

Malheureusement ils m’ont plutôt embarrassée en m'offrant le poste le jour même, et en guise de réponse j'ai dû inventer un voyage d'affaires imminent pour expliquer pourquoi je ne pouvais pas commencer ce lundi-là... Je me suis sentie affreuse de refuser du travail quand je suis bien entendu au chômage, mais je n'avais pas vraiment envie de prendre le premier emploi venu juste pour le plaisir de travailler. Et, bien sûr, ca a fait beaucoup de bien à mon ego - si je peux obtenir un emploi le lendemain de mon arrivée, complètement décalée et peu intéressée, alors sûrement je pourrais trouver quelque chose de plus excitant une fois que je me suis installée? J'ai deux autres entretiens alignés cette semaine, donc croisons les doigts qu’ils veuillent de moi aussi!

Alors, dans une tentative de me faire me sentir mieux après avoir refusé le boulot et n’ayant trouvé nulle part où vivre, j'ai décidé de retourner dans la librairie où j'ai travaillé il y a huit ans. Les filles n’ont pas vieilli même d'une journée, et c’était génial de voir leurs réactions à l’arrivée de ce fantôme du passé. Madeline n'a rien perdu de sa remarquable générosité - elle m'a même offert un billet pour voir une pièce de Beckett à laquelle elle ne pouvait pas assister ce soir-là, ce qui m’a permis de surprendre Marc, Julie et Jesse qui croyaient que le siège serait vide. Alors que je les attendais dans le Centre Culturel de Hong Kong, le battement de mon cœur faisait trembler toute la barrière métallique sur laquelle je m’appuyais. C'était la première fois que j'avais ressenti de l'anticipation depuis le départ du Royaume-Uni, et je n'ai aucune idée pourquoi j'avais tellement peur de les voir. C’était totalement injustifié, et j'étais tellement heureuse une fois qu'ils sont arrivés... Marc n'arrivait pas à se remettre de mon britannisme. J’essaie encore de comprendre ce que je fais de si différent d'avant!

Quoi qu'il en soit, après quelques journées tres chargées dont une à Macao pour obtenir le visa de Krusty, nous avons rencontré le HK gang samedi pour célébrer l'anniversaire de Cyrielle. Ca a commencé un peu doucement puisque j'avais complètement oublié comment être sociable, mais dès que nous avons retiré nos chaussures pour manger un repas Egyptien sur des coussins à même le sol, nous avons passé une tres bonne soirée. L'ensemble du groupe y était à part deux personnes, alors j’ai vraiment eu l’impression de remonter dans le temps. C'est tellement rassurant de déjà avoir un réseau social mis en place pour profiter de HK, ou à appeler en cas d'urgence (comme une envie subite de faire du shopping, par exemple).

Si seulement je pouvais trouver le moyen maintenant de faire venir tous les gens que j'aime du reste du monde, nous pourrions tous vivre heureux dans cette bulle surréaliste et exotique...