Un grand escalier conduit jusqu'au ventre de l'immeuble, où un petit chinois fume suspicieusement une cigarette sur un tabouret. La première fois que j'ai visité l'appart j'étais un peu inquiète au sujet du nombre de Philippines qui allaient et venaient et je me suis demandé si l'un des 'commerces' du bâtiment serait un à coté duquel je viendrais à regretter d'emmenager. Mais quand l'ascenseur s’est ouvert au quatrième étage, j'étais rassurée - il n'y a pas de bordel ici, juste une mission chrétienne. Moi et mes préjugés occidentaux honteux...
L'appartement est au dernier et seizième étage, et se compose de deux 'modules' de 70m2 chacun. Pour les trois premiers mois, nous vivrons au 16C, que l‘occupant actuel (un Français prénommé Cédric) a converti en un joli appart avec des portes coulissantes partout derrière lesquelles se cachent des tonnes de place (quel soulagement de savoir que ma vaste collection de vêtements pourra être logée!) Il a même tenté de créer une sorte de fausse brique sur le bar, ce qui nous a rappelé avec nostalgie notre loft londonien. C’est le destin qui nous a mené là...
Nous avons dû nous battre un peu pour l'avoir - ce type d’appart vient avec une longue liste de personnes prêtes à surenchérir pour y vivre. Mais à la fin du compte nous l’avons emporté parce que...je suis française! La France du singe 1 – l’Angleterre du rat 0 au niveau des apparts!
Au bout de trois mois, donc, nous construirons une porte qui conduira à l'unité 16B, et fera de la place pour une grande chambre. L’appart fera la taille confortable de 100m2, pour une somme vraiment dérisoire. Et ce n'est pas tout! Non seulement y a-t-il une belle vue de la baie, mais la vue est encore plus étonnante de...notre terrasse sur le toit! Celle-ci fait à peu près 150m2 en tout et dispose de beaucoup de plantes et de meubles, et même d’un hamac. Plus important encore, pour Krusty, il y a un barbecue... Ses rêves de cocktails et de steaks grillés dans son propre jardin se réalisent enfin. Nous savons où nous allons pendre la crémaillère!
Donc, vous voyez, l’odeur de fruits de mer séchés dans la rue en bas est un tout petit prix à payer pour vivre ici, surtout après avoir vu quelques minuscules cages à lapin qui auraient pu être nôtres pour beaucoup plus de loyer par mois. Nous avons eu de la chance. Quelque chose à voir avec l'Année du Rat...?!
Maintenant nous avons trop hâte d’emménager et, sans vouloir jouer l’enfant gâtée, ca n'est pas seulement parce que ma cuisine me manque - je ne suis pas très impressionnée par Le Méridien. C'est loin du centre ville mais il y a une navette PAYANTE, la salle de bains a inexplicablement une odeur d'urine toute la journée, la piscine et le sauna sont fermés pour rénovations, la nourriture est outrageusement chère et le room service vient avec un prix tres élevé mais aussi une taxe de livraison (qu’est ce qu’on est censé faire, aller le chercher soi-même?!) C’est supposé être un hôtel hi-tech mais l'internet coûte la peau des fesses et se déconnecte toutes les trois minutes... ET ils ont oublié de nous réveiller deux fois de suite! Je ferai quelques plaintes totalement justifiées au moment du départ pour évacuer ma rage hôtelière.
Bien entendu, le toit-terrasse me donne aussi envie de trouver un travail que je pourrais faire de la maison... Néanmoins, j'ai eu deux entretiens la semaine dernière. L'un a été pour une agence d’édition qui travaille avec l’agence pour laquelle j'ai travaillé à Londres il y a quelques temps. Les bureaux sont funky, industriels mais cosy. Je pensais avoir une bonne chance de réussite - j'avais de l'expérience avec leur agence européenne, je suis venue avec deux bonnes recommandations, je suis immédiatement disponible... Mon interlocuteur était gentil et sympathique, et je pensais justement que j'allais aimer travailler là quand la pire chose est arrivée - ils m'ont dit qu'ils voulaient m’embaucher, mais qu'il n'y avait pas de boulot pour le moment... Au moins ils m’ont suggéré certaines possibilités de freelance à faire de mon hamac jusqu'à ce qu'ils trouvent quelque chose de convenable pour moi. Pour être honnête, cette idée d’indépendance me plait de plus en plus. Du moment que quelqu’un me donne quelque chose à faire bientôt!
Pour le deuxième entretien, j'ai ressenti le besoin de jouer la carte du style. La boite produit des guides de voyage délicieusement excentriques, sans photos, juste des commentaires succincts et drôles à propos d’adresses dans les grandes villes à travers le monde. Comme ils ont un grand nombre de salons de beauté dans leurs guides, j'ai pensé que je devrais me préparer en tirant parti de l'un des nombreux traitements offerts à HK - j'ai présenté mes honteux troncs de doigts aux ongles rongés à une manucuriste. Je me sentais tellement femme que c'en était gênant et j'ai presqu’eu l’impression que je devrais me cacher à la sortie au cas où quelqu'un me repère. J'ai essayé d'etre discrete, mais les gens ont déjà fait des commentaires sur les nouveaux ongles, et comme il n'y a pas moyen de se cacher les extrémités des doigts à part porter des gants toute la journée, je vais devoir faire face à ma faiblesse et vivre à la hauteur de mes prétentions féminines...
L'entretien s'est bien passé, surtout parce que mon ami Victor est le bon ami du patron et lui a dit du bien de moi avant que j’arrive. Ledit patron était fabuleux à écouter et son discours était parfaitement accompagné de sa chevelure grise, son pull beige en cachemire, ses lunettes en écaille et ses boutons de manchettes en cuir. Même si en réalité il disait que travailler pour lui signifiait lui sacrifier tout mon temps, ca me semblait quand même enchanteur. En gros il disait qu'il voulait un esclave, mais j’avais quand même envie de me lever, trouver un ordinateur et commencer immédiatement à écrire pour lui. Non pas que cela se passera - il a dit très clairement que j'aurais besoin de me trouver un visa, par tous les moyens nécessaires à part lui en demander un à lui...
Ainsi, la chasse à l’appart est terminée, mais la recherche du travail que je veux et qui veut de moi continue. Et je suppose que vous voulez voir quelques photos, hein? Alright, alors voici une sélection aléatoire de nos scènes de la semaine, y compris certaines vues volées de l'appartement et une idée de ce à quoi ressemble notre rue!





Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire